Interview dans le journal La Vie (2008)

 

  • Comment vous-êtes-vous sentie « en phase » avec les personnes qui cherchent à croire ou croire à nouveau ?

Au cours de ma vie, j’ai toujours eu des contacts avec des personnes qui ne croyaient pas comme moi : des chrétiens d’autres confessions, des croyants d’autres religions et aussi des incroyants. C’est peut-être la raison pour laquelle je suis à l’aise avec les recommençants, car ils viennent d’un peu partout.

 

  • Qu’avez-vous découvert auprès d’elles ?

Comme formatrice et enseignante, j’ai été habituée à discourir, à construire la pensée, à argumenter. Or, avec les personnes qui recommencent à croire, j’ai appris à écouter autrement, à quitter la posture d’enseignante, à accueillir la fécondité des silences. Animer un parcours des bases de la foi n’est ni un enseignement ni une catéchèse ; c’est plutôt une maïeutique. Dans l’Église, il arrive trop souvent qu’on propose des réponses avant même d’avoir entendu les questions ! On parle toujours trop vite. On croit que les choses sont évidentes et que ce sont les gens qui ne savent pas. Ici, la parole vraie de la vie vécue loin de l’Église, mais pas forcément loin de Dieu, se trouve en symbiose avec la Parole et c’est alors que peut s’ouvrir un chemin de disciple en toute liberté.

 

  • Diriez-vous que cela peut changer aussi les choses pour vous ?

Lorsque j’anime un parcours, j’ai conscience de vivre avec eux un chemin qui ressemble au chemin d’Emmaüs et je suis témoin de l’action de l’Esprit chez ces personnes qui écoutent ce qui se passe en elles et en reçoivent confirmation par l’échange qui a lieu entre les membres du groupe. En cela, c’est un vrai parcours ecclésial. Chacun dialogue avec le Christ par la médiation de cette conversation vraie autour des Écritures. Je ne pouvais pas imaginer la qualité d’un tel dialogue avant de le vivre !